Chaque coureur a déjà entendu cette phrase : « Courir, ça détruit les genoux ! ». Cette croyance est tenace, mais que dit vraiment la science ? Grâce à l’éclairage d’un kinésithérapeute expert, cet article fait le point sur l’impact réel du running sur les articulations.
Courir : bénéfique ou risqué pour les articulations ?
Contrairement aux idées reçues, la course à pied ne détruit pas les articulations. Les études comparant les coureurs aux non-coureurs montrent que les premiers présentent souvent des articulations — notamment des genoux — en meilleure santé, accompagnées d’une meilleure condition cardiovasculaire et musculaire.
Le vrai problème : l’excès ou l’inactivité
Le corps n’aime ni l’excès, ni l’inactivité. Le risque vient de la mauvaise utilisation de la course à pied, et non de la pratique elle-même. Le surmenage ou un mauvais équipement peuvent provoquer des douleurs, mais les effets délétères de la sédentarité restent bien plus graves et insidieux.
L’importance de la progressivité
La clé pour préserver ses articulations est la progressivité. C’est l’augmentation trop rapide du volume, de la vitesse ou de l’intensité qui conduit souvent aux blessures. Le corps a besoin de temps pour s’adapter. Il faut également tenir compte de nombreux paramètres :
- le type de foulée
- le terrain utilisé
- le matériel (notamment les chaussures)
- la condition physique du moment
- l’état de fatigue ou de stress
Syndrome rotulien : comprendre une douleur fréquente
Parmi les douleurs courantes chez les coureurs, le syndrome fémoro-patellaire (douleur à l’avant du genou) est emblématique. Il ne s’explique pas toujours par une cause unique, mais souvent par une accumulation de facteurs :
- raideur de cheville ou de hanche
- fatigue musculaire
- changement de chaussure ou de terrain
- manque de récupération
- déséquilibre musculaire ou postural
Il est essentiel de consulter un professionnel de santé pour poser un diagnostic différentiel précis.
Faut-il arrêter de courir en cas de douleur ?
Pas forcément. Un arrêt complet peut parfois aggraver la situation, notamment en favorisant la fonte musculaire et la dégradation articulaire. Une adaptation de la charge est souvent préférable :
- réduire l’intensité ou la durée
- alterner course et marche
- renforcer les muscles autour de l’articulation
- dormir suffisamment
- adapter son alimentation
Exemple de réadaptation
Problème identifié | Action recommandée |
---|---|
Douleur post-effort | Réduire la foulée, changer le terrain |
Gêne persistante | Alterner course et marche |
Diagnostic kiné | Renforcement ciblé du tendon |
Et les personnes en surpoids ?
Il n’y a aucune raison de déconseiller la course à pied à une personne en surpoids. Bien au contraire : l’impact mécanique progressif permet de stimuler les os, les muscles et les tendons, favorisant ainsi l’adaptation et la santé articulaire. Le tout est de démarrer progressivement.
Pourquoi courir est adapté même en surpoids
- Activité accessible et peu coûteuse
- Permet de s’entraîner sans être vu (moins d’appréhension sociale)
- Stimule la densité osseuse et le tonus musculaire
- Favorise la perte de masse grasse et la régulation hormonale
Conclusion : courir, oui, mais intelligemment
La course à pied n’abîme pas les articulations. Ce sont les excès, le manque de récupération ou une mauvaise adaptation qui posent problème. La meilleure stratégie reste l’écoute de son corps, la progressivité dans l’effort et, en cas de douleur, l’accompagnement par un professionnel de santé. La course à pied, bien pratiquée, reste l’un des meilleurs outils pour rester en bonne santé… à condition de ne pas brûler les étapes.
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