Le harcèlement en course à pied : un fléau qui empêche les femmes de courir libres
Alors que courir devrait être un acte de liberté, de bien-être et de lien avec la nature, il devient pour de nombreuses femmes une source d’anxiété. Une activité aussi simple que le footing en plein air est trop souvent perturbée par des comportements sexistes, lourds, et parfois même dangereux.
Des chiffres alarmants sur le sentiment d’insécurité
Selon une étude réalisée par Adidas, 92 % des femmes interrogées déclarent ne pas se sentir en sécurité lorsqu’elles courent. Une statistique corroborée par des données de l’application Strava, qui indique que 45 % des femmes évitent de courir avant le lever du soleil, contre seulement 16 % des hommes la nuit. Cette réalité illustre une inégalité profonde dans l’accès à l’espace public.
Les formes multiples du harcèlement
Le harcèlement peut prendre plusieurs formes : remarques, regards insistants, tentatives d’approche non désirées, voire agressions verbales ou physiques. Une enquête de l’Union Sport & Cycle montre que 56 % des femmes interrogées ont déjà été victimes de remarques déplacées ou de comportements inappropriés en courant. Certaines ont même été suivies ou confrontées à des exhibitionnistes.
Des stratégies de protection adaptées mais contraignantes
Pour se protéger, de nombreuses coureuses mettent en place des stratégies : courir en groupe, planifier des parcours jugés « sûrs », éviter les horaires sensibles ou porter un spray au poivre. Certaines renoncent à écouter de la musique afin de rester vigilantes. D’autres utilisent des applications pour partager leur position en direct avec des proches. Ces stratégies, bien que compréhensibles, sont la preuve que la responsabilité de la sécurité est trop souvent laissée aux femmes elles-mêmes.
Une réalité ignorée par les hommes
La différence de perception est flagrante : selon le magazine Runners World, 96 % des hommes joggeurs affirment n’avoir jamais été harcelés pendant une sortie. Cette inégalité met en lumière l’urgence de sensibiliser et d’agir. Il ne s’agit pas simplement de permettre aux femmes de courir en paix, mais de leur garantir un accès sûr et égal à l’espace public.
Changer les mentalités et les règles
Le changement passe par une prise de conscience collective, un meilleur encadrement juridique, et un engagement réel des collectivités à aménager des parcours sûrs. Il est essentiel que les hommes prennent part à cette responsabilité, en remettant en question les comportements inappropriés et en soutenant les initiatives de sensibilisation.
Conclusion
Courir doit rester un plaisir pour toutes et tous, sans crainte ni contrainte. Tant que la moitié de la population doit adapter ses sorties à des risques quotidiens, le problème reste entier. Pour que la course à pied redevienne un espace de liberté, il est temps de faire évoluer les comportements, les mentalités et les infrastructures. La route est encore longue, mais elle doit être prise ensemble.
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